Ce composant de la « bouillie bordelaise » est un sel de cuivre qui existe sous deux formes : anhydre (SO4Cu), blanc et pentahydraté (SO4Cu, 5 H2O) formant des cristaux d’une belle couleur bleu intense.

Le cuivre n’est pas attaqué par l’acide sulfurique. C’est l’attaque du carbonate de cuivre par cet acide qui produit le sulfate de cuivre suivant la réaction : CO3Cu + SO4H2 ———> SO4Cu + CO2 + H2O

Cette réaction est effectuée dans des bacs en cuivre et les cristaux se fixent sur des barres de cuivre. Les cristaux de plusieurs centimètres d’un très beau bleu sont ensuite récupérés et broyés finement en particules de 1 à 3 mm de couleur bleu pâle : c’est ce que l’on trouve dans le commerce sous forme de « sulfate de cuivre neige ».

La solubilité dans l’eau à 20 °C du sulfate de cuivre est supérieure à 200 g/L. Le pentahydrate SO4Cu, 5 H2O fond à 100 °C en perdant son eau. Il est facile d’obtenir de beaux cristaux de cet hydrate en préparant une solutions saturée à partir du sulfate « neige » dans un récipient à col étroit (le chimiste parlera d’un {erlenmeyer), d’y tremper un petit cristal ({germe) de pentahydrate attaché à un fil et de laisser s’évaporer doucement pendant plusieurs jours la solution : un cristal se développera autour du germe. Le sulfate anhydre peut être un indicateur d’humidité : en présence de traces d’eau, de blanc il vire au bleu.

Le pentahydrate, encore appelé vitriol bleu ou vitriol romain se trouve sous forme naturelle dans la chalcantite. Ses propriétés antifongiques et antibactériennes étaient connues depuis le début du XIX° siècle, notamment pour la conservation des semences et des pommes de terre.

Ce n’est qu’en 1880 qu’un chimiste bordelais, Ulysse Gayan, eut l’idée avec un botaniste, Alexis Milardet, d’utiliser le vitriol bleu, mélangé à de la chaux éteinte (hydroxyde de calcium, Ca(OH)2) pour en diminuer l’acidité, comme agent protecteur des vignes bordelaises contre le mildiou. Ce fongicide se révéla efficace et plusieurs traitements par an permettent de protéger et d’accroître la production de raisin, donc celle du vin. La bouillie bordelaise (alors vendue comme « soufre à l’hydrate de bioxyde de cuivre », sic) est encore largement utilisée contre les maladies cryptogamiques de la vigne mais aussi de la tomate et de la pomme de terre. Il est adopté par l’agriculture biologique.

Cependant, compte tenu de sa toxicité pour l’environnement aquatique, l’Union Européenne a édicté des recommandations de teneurs maximum d’emploi : pour la vigne, elle est de 38 kg de cuivre à l’hectare.

En outre, des études récentes menées à l’Université de Bordeaux ont montré qu’un traitement tardif, laissant sur les grappes des traces de sulfate de cuivre et montant la teneur en cuivre au delà de 4 mg/L dans le moût, pouvait nuire au développement des arômes soufrés, responsables comme le 3 mercapto-hexanol des notes d’agrumes et fruits exotiques, par interaction entre ce type de composé et l’ion cuivrique (Cu2+) : tout est Chimie !

La pensée du jour
« Sulfatez, sulfatez, il en restera toujours quelque chose. »

Sources
Fiche sur l’acide sulfurique (publiée le 21 février 2011)
Fiche sur le cuivre (publiée le 22 mars 2011)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Sulfate_de_cuivre
http://en.wikipedia.org/wiki/Copper(II)_sulfate
http://fr.wikipedia.org/wiki/Bouillie_bordelaise
www.encyclo-ecolo.com/Bouillie_bordelaise